La chlordécone se disperse dans l’environnement, soit sous forme dissoute dans l’eau, soit associée à des particules de sol ou de matière organique entraînées par l’eau lors de fortes pluies. Le travail du sol modifie les conditions du transfert.
- C’est à partir du sol que la chlordécone se propage
- Comment réduire les transferts ?
- C’est par l’eau que la chlordécone est transportée à la surface des sols ou en profondeur
La durée de la pollution est liée à la persistance de la molécule de chlordécone et à son affinité pour les argiles et la matière organique des sols. Seuls le lessivage des sols, principalement, et l’érosion ont un effet sensible sur la baisse de leur taux de pollution. Selon le type d’argiles, l’Inra estime qu’il faudra entre quelques décennies et 600 ans pour qu’elle devienne négligeable.
Différentes approches ont été menées pour mettre au point des techniques de décontamination des sols : par les micro-organismes, par des plantes épuratrices, par voie chimique. Aucune n’a pour l’instant donné de résultats suffisamment probants pour envisager la dépollution des sols. Une solution alternative de fixation de la chlordécone par l’ajout de matière organique a été testée avec succès.
La chlordécone ne pollue que les sols sur lesquels elle a été épandue. Les sols bananiers ne sont pas les seuls concernés, compte tenu des nombreux usages détournés. Le niveau de contamination dépend du type de sol, il est irrégulier et fonction du travail du sol et de la durée d’implantation des bananeraies. La carte prédictive du risque ne dispense pas de réaliser une analyse du sol pour être sûr de l’absence de pollution, ou connaître le niveau de contamination.
Les analyses effectuées dans le sol de la Martinique sont consultables sur le site de GéoMartinique.
Vous trouverez sur ce site une cartographie interactive qui présente l’ensemble des analyses qui ont été effectuées dans le sol de la Martinique.
Un réseau de suivi de la pollution des eaux de rivière par les pesticides est en place depuis 1999 et une étude menée de 2008 à 2012 a permis de caractériser les niveaux de pollution sur l’ensemble des eaux de surface de la Martinique. La contamination, plus importante dans les zones agricoles du Nord-Atlantique, du Centre et du Sud de l’île, est étroitement liée à la répartition de la pollution des sols.
Les organismes aquatiques accumulent la chlordécone à des concentrations supérieures à celles mesurées dans l’eau par un processus de bioaccumulation, par contact avec le milieu environnant et par leur alimentation. Un état des lieux mené de 2008 à 2012 a révélé une contamination plus étendue que pour les eaux et confirme qu’elle est plus élevée dans les zones où les rivières et les sols sont contaminés. Des espèces largement répandues peuvent être utilisées comme sentinelles indicatrices de la pollution.
Le réseau de 21 points de mesure de la qualité des eaux souterraines montre que les eaux de la côte caraïbe ne sont pas ou peu polluées. A l’inverse, les concentrations peuvent atteindre quelques dizaines de µg/l dans le Nord-Atlantique. L’isomère du HCH le plus persistant, le βHCH, est retrouvé dans les mêmes sources que la chlordécone, mais comme dans les rivières, à un taux 10 fois plus faible. La campagne de mesures menée entre 2004 et 2008 sur les sources de bord de route a montré qu’outre leur contamination microbiologique, 40% d’entre elles sont contaminées par des pesticides, incluant la chlordécone.
La chlordécone est recherchée chaque année avec plus de 500 autres pesticides dans 200 échantillons d’eau. Après abandon de 4 ressources polluées par la chlordécone depuis juillet 1999, il ne reste en service en Martinique que 3 ressources connaissant une contamination, pour deux d’entre elles inférieure à la norme de qualité en distribution, et pour la plus importante, celle de la rivière Capot, un taux de chlordécone variant entre la norme et 1 µg/l, qui a nécessité la mise en oeuvre d’un traitement spécifique à la station de production d’eau potable de Vivé. Toutes les eaux de distribution sont conformes aux normes de qualité en distribution, et la chlordécone n’a jamais été mise en évidence sur les eaux embouteillées, que ce soit à la ressource ou dans la bouteille.
Source : https://www.martinique.ars.sante.fr